Témoignage de Laetitia, conteuse

11 février 2025 - 13:47 - 184 vues

Laetitia se présente à nous, sur une musique "Sérénade" de Franz Schubert ( fiftysounds.com)

Retrouvez les contes de Laetitia dans la série de Podcasts "L'univers de Laetitia".

Bonjour, je m’appelle Laetitia et je suis suivie par l’association Isatis depuis quelques années. 
Nous avons tous un rapport au monde qui nous est propre. Le mien est caractérisé par une 
hypersensibilité et une hyperémotivité qui ne sont pas admises dans la société actuelle. Et 
mes valeurs ne me laissent aucun répit : je tombe physiquement malade aussitôt que j’en 
dévie un tant soit peu. Je ne peux donc me soumettre aux conventions sociales ou au 
politiquement correct. Avant de le comprendre, j’ai traversé une dépression chronique de plus 
de dix ans et quatre ans de prozac, un burnout dont je ne me suis jamais totalement remise 
et bien des bousculades et des maladies… Aujourd’hui, je suis à peu près en paix avec tout 
cela. J’ai compris et accepté que je ne pouvais cheminer que si j’étais accompagnée et que je 
me sentais bien entourée. En plus de mes proches, les conseillères de l’association Isatis 
contribuent à me fournir le soutien dont j’ai besoin pour avancer.   
Quant à l’écriture, c’est le médium par lequel j’ai été à la découverte de mon monde intérieur, 
ce qui m’a considérablement renforcée vis-à-vis du monde extérieur…  
Toute ma vie, j’ai œuvré sur mon sens du mot juste pour exprimer le profond qui nous habite. 
Je n’ai jamais autant travaillé que sur les mots. D’abord parce que j’ai fait une partie de ma 
scolarité en anglais et que j’ai dû réapprendre ma langue maternelle comme l’on apprend une 
langue étrangère. Et ensuite parce que mon hypersensibilité et mon vécu différent me 
confrontaient continuellement à l’incompréhension des autres à mon égard. Je voulais tant 
qu’on me comprenne ! Alors j’ai étudié et usé et manié les mots, j’ai creusé leur étymologie et 
j’ai joué avec eux en les retournant dans tous les sens… tant et si bien que j’en ai abouti à un 
savoir-faire et un métier. Ma plume, je la prête aux autres à présent, pour écrire des bouts 
d’existence ou des pans de pensées : « Prête-moi ta plume pour écrire un mot… » C’est drôle, 
je n’avais jamais fait le lien avec Au clair de la lune.  
Ma plume, je la prête également à cette magicienne en moi, celle qui tapisse mon intérieur 
de fleurs et de formules alchimiques. C’est ainsi que mon monde vrai s’est révélé à moi, à ma 
conscience. Et c’est sous la forme de contes qu’il s’est raconté. Je n’ai pas cherché à faire de 
belles phrases, je n’ai pas voulu quoique ce soit. Quand j’ai mis ma plume au service de cette 
voix intérieure, je l’ai séparée de mon mental et de ma volonté propre. Je n’ai pas voulu qu’elle 
subisse une quelconque influence et je l’ai laissée libre de se délier ou non. Je n’avais pas 
d’attente, mais j’ai été comblée. Ce sont des fables qui se sont écrites, d’abord en français puis 
en anglais. Les fables de mon intériorité. Elles ont réparé ma vision de moi-même, elles ont 
recousu mon cœur déchiré par les aléas de l’existence. Elles m’ont remplie de mon essence et 
je suis devenue entière.   

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